Anxiété : définition et causes
Anxiété. C’est quoi ? Effectivement, c’est un mot qu’on utilise trop souvent dans notre vie. Essayons de donner quelques définitions de cette notion complexe et large.
Définitions
Larousse nous propose deux définitions de l’anxiété :
- Inquiétude pénible, tension nerveuse, causée par l'incertitude, l'attente ; angoisse
- Trouble émotionnel se traduisant par un sentiment indéfinissable d'insécurité.
Dans le Manuel Merck, l’anxiété est définie comme un sentiment de nervosité, d’inquiétude ou de malaise. L’anxiété fait partie de l’expérience humaine normale. Elle est présente dans de nombreux troubles psychiatriques qui se caractérisent, entre autres, par une souffrance et un dysfonctionnement spécifiquement liés à l’angoisse et la peur.
L’Association des médecins psychiatres du Québec définit l’anxiété comme une émotion désagréable qui combine des symptômes physiques (le cœur bat vite et fort, la respiration semble difficile, présence de sueurs, tremblements, étourdissements ou de mains moites, corps crispé, muscles tendus) et des pensées anxieuses (inquiétudes, ruminations, obsessions, doutes, craintes).
Le fameux VIDAL qui est une source fiable agréée par la Haute Autorité de Santé de France, l’anxiété est définie comme une réaction normale qui devient une maladie lorsqu’elle survient alors qu’aucun événement ne la justifie vraiment. On parle alors de troubles anxieux.
Anxiété comme réaction normale
Effectivement, l'anxiété est une réaction normale du corps et de l'esprit face à des situations stressantes ou menaçantes. C'est un mécanisme de défense naturel qui aide à nous préparer à faire face à un danger ou à une situation difficile. Lorsque l’anxiété reste modérée, elle peut être bénéfique en nous incitant à prendre des précautions et à être vigilant.
L'anxiété est une réponse complexe qui implique à la fois des aspects
- physiologiques,
- cognitifs
- émotionnels.
Du point de vue physiologique, l'anxiété déclenche souvent la réponse de lutte ou de fuite. Le corps libère des hormones telles que l'adrénaline, ce qui augmente la fréquence cardiaque, la respiration et la vigilance. Cela prépare le corps à réagir rapidement à une menace potentielle.
Sur le plan cognitif, l'anxiété entraîne une hyperactivité mentale, des pensées négatives et une anticipation constante de problèmes futurs. Les gens peuvent se retrouver à
- suranalyser des situations,
- craindre le pire
- avoir du mal à se concentrer sur le présent.
Sur le plan émotionnel, l'anxiété peut provoquer des sentiments d'appréhension, de nervosité et, même, de panique. Ainsi, la personne ressent
- une tension constante,
- une irritabilité,
- une fatigue excessive en raison de l'effort mental continu.
En résumé, l'anxiété en soi n'est pas nécessairement négative, mais sa gestion est cruciale pour maintenir un équilibre émotionnel. L'anxiété devient problématique lorsqu'elle est disproportionnée par rapport à la situation réelle ou lorsqu'elle persiste au-delà de la résolution du problème.
Anxiété comme réaction pathologique
Lorsque l'anxiété devient excessive, persistante et interfère significativement avec la vie quotidienne, elle peut être considérée comme une réaction pathologique. Dans ce cas, il s’agit d’une condition médicale qui nécessite une attention particulière et qu’on appelle des troubles anxieux.
Il existe plusieurs troubles anxieux. Dans la partie du DSM-5 consacrée aux troubles anxieux, on trouve les maladies suivantes :
- anxiété de séparation ;
- mutisme sélectif ;
- phobies spécifiques ;
- anxiété sociale ;
- trouble panique ;
- agoraphobie ;
- trouble anxieux généralisé (TAG),
- trouble anxieux induit par une substance / un médicament ;
- trouble anxieux dû à une autre affection médicale ;
- trouble anxieux non spécifié.
Chaque trouble a ses symptômes particuliers. Nous allons les examiner un par un dans les articles suivants.
Causes de l’anxiété
En fait, nous ne savons pas au juste ce qui déclenche les troubles anxieux. Les recherches portent à croire que plusieurs facteurs seraient en cause. Notons particulièrement, les facteurs physiologiques, psychiques et environnementaux.
Facteurs physiologiques
En premier lieu, soulignons les facteurs génétiques. Des études scientifiques ont montré que l'anxiété a une composante héréditaire. Cela signifie que des prédispositions génétiques augmentent la probabilité qu'une personne développe un trouble anxieux.
Voici quatre points à considérer en lien avec les facteurs génétiques et l'anxiété :
- L'héritabilité contribue à environ 30 à 40 % de la variance des troubles anxieux.
- Des recherches tentent d'identifier des gènes spécifiques associés à l'anxiété. Cependant, il n'existe pas un seul gène responsable de l'anxiété ; plutôt, il s'agit d'une combinaison complexe de nombreux gènes.
- Les facteurs génétiques peuvent interagir avec des influences environnementales pour augmenter le risque d'anxiété. Par exemple, une personne ayant une prédisposition génétique à l'anxiété peut être plus vulnérable aux effets du stress environnemental.
- Les modèles d'anxiété peuvent se transmettre d'une génération à l'autre au sein d'une famille, mais cela ne signifie pas que l'anxiété est inévitable pour les descendants. Les influences environnementales peuvent également y jouer un rôle crucial.
Facteurs neurobiologiques
Par la suite, soulignons les facteurs neurobiologiques. Les déséquilibres dans les neurotransmetteurs du cerveau, tels que la sérotonine et la noradrénaline contribuent à l'anxiété.
Les facteurs neurobiologiques liés à l'anxiété impliquent des processus complexes dans le cerveau et le système nerveux. Voici quelques-uns des aspects neurobiologiques associés à l'anxiété :
- Les déséquilibres dans les neurotransmetteurs, tels que la sérotonine, la noradrénaline, et le GABA (acide gamma-aminobutyrique),peuvent jouer un rôle dans l'anxiété. Ces substances chimiques dans le cerveau régulent la communication entre les cellules nerveuses.
- Système limbique. Cette région du cerveau, en particulier l'amygdale, est impliquée dans le traitement des émotions, y compris la peur et l'anxiété. Une activité accrue de l'amygdale peut être observée chez les personnes souffrant de troubles anxieux.
- L'hypothalamus et l'hypophyse dans le cerveau signalent aux glandes surrénales de libérer des hormones de stress telles que le cortisol. Des niveaux élevés de cortisol peuvent être associés à l'anxiété chronique.
- Les connexions entre différentes régions du cerveau, comme le cortex préfrontal, l'hippocampe et l'amygdale, jouent un rôle crucial dans la régulation de l'anxiété. Les anomalies dans ces circuits contribuent à des symptômes anxieux.
- Certains gènes peuvent influencer la susceptibilité à l'anxiété en affectant les réponses neurobiologiques au stress. Les variations génétiques dans les récepteurs de neurotransmetteurs et d'autres protéines liées au système nerveux jouent également un certain rôle.
- Les changements structurels et fonctionnels dans le cerveau, connus sous le nom de plasticité cérébrale, peuvent être impliqués dans le développement de l'anxiété. Des expériences stressantes affectent la plasticité cérébrale.
Problèmes de santé physique
L'interaction entre la santé physique et la santé mentale est complexe. Certains problèmes médicaux contribuent au développement ou à l'aggravation de l'anxiété. Voici quelques exemples :
- Les personnes atteintes de maladies chroniques, telles que les maladies cardiaques, le diabète, ou les troubles neurologiques, peuvent éprouver de l'anxiété en raison des défis associés à la gestion de leur état de santé.
- La douleur persistante, qu'elle soit liée à des problèmes musculo-squelettiques, des maux de tête chroniques, ou d'autres conditions, peut entraîner un niveau élevé de stress et d'anxiété.
- Les troubles respiratoires tels que l'asthme ou l'apnée du sommeil peuvent provoquer des symptômes anxieux, en particulier lorsqu'ils affectent la respiration.
- Les troubles endocriniens, tels que les troubles thyroïdiens, peuvent influencer l'humeur et contribuer à l'anxiété.
- Les troubles gastro-intestinaux, tels que le syndrome de l'intestin irritable (SII) ou les maladies inflammatoires de l'intestin, peuvent être associés à des symptômes anxieux.
- Les blessures graves, les accidents ou les interventions chirurgicales peuvent entraîner des préoccupations liées à la santé et générer de l'anxiété.
- Certains troubles neurologiques, tels que la sclérose en plaques ou les migraines, peuvent être associés à des symptômes anxieux.
Traits de personnalité spécifiques
Certains traits de personnalité spécifiques peuvent être associés à un risque de développer des symptômes anxieux. Il est important de noter que les traits de personnalité ne sont pas des déterminants absolus, mais plutôt des indicateurs potentiels. Voici quelques traits de personnalité qui peuvent causer des symptômes anxieux :
- Les personnes perfectionnistes, qui ont des normes très élevées pour elles-mêmes et ont du mal à accepter l'imperfection, sont plus enclines à l'anxiété en raison de la pression auto-imposée.
- Les individus qui ont tendance à ruminer ou à s'inquiéter excessivement peuvent être plus prédisposés à l'anxiété. La rumination consiste à tourner constamment des pensées négatives dans l'esprit.
- Certaines personnes ont une prédisposition biologique ou génétique à réagir de manière plus intense au stress, ce qui peut les rendre plus sensibles à l'anxiété.
- Les personnes qui ont des tendances à l'évitement, cherchant à éviter les situations stressantes plutôt que de les affronter, peuvent développer des niveaux élevés d'anxiété.
- Un trait de personnalité caractérisé par une préoccupation constante pour l'avenir, même en l'absence de menaces immédiates, peut être lié à des troubles anxieux.
- Bien que ce ne soit pas toujours le cas, les personnes introverties peuvent être plus enclines à l'anxiété sociale, surtout dans des situations sociales nouvelles ou très fréquentées.
- Les individus avec une faible estime de soi peuvent être plus vulnérables à l'anxiété, en particulier dans des situations sociales où ils craignent le jugement des autres.
- Les personnes qui sont particulièrement sensibles au rejet ou à la critique peuvent être plus sujettes à l'anxiété sociale.
Il est important de noter que ces traits de personnalité ne garantissent pas le développement de l'anxiété, mais ils peuvent augmenter la vulnérabilité d'une personne.
Facteurs environnementaux.
Les facteurs environnementaux jouent un grand rôle dans le développement de l'anxiété. Voici quelques facteurs environnementaux important à connaitre dans ce contexte :
- Des expériences traumatisantes, comme des accidents, des abus, des catastrophes naturelles ou des événements violents, peuvent déclencher des troubles anxieux.
- Des situations de stress constant, qu'elles soient liées au travail, aux relations, aux problèmes financiers, peuvent contribuer au développement de l'anxiété.
- L'environnement familial, en particulier les modèles de comportement des parents, peut influencer la susceptibilité à l'anxiété chez les enfants. Un environnement familial chaotique, des parents anxieux ou des styles parentaux trop protecteurs peuvent jouer un rôle.
- Les pressions sociales, la stigmatisation, les difficultés dans les relations interpersonnelles, l'isolement social peuvent contribuer à l'anxiété.
- Le climat émotionnel au sein d'une famille ou d'un environnement social peut influencer le bien-être émotionnel d'une personne. Des relations positives et un soutien émotionnel peuvent atténuer l'anxiété.
- Les médias peuvent jouer un rôle en amplifiant les symptômes anxieux en exposant les individus à des nouvelles négatives, des images traumatisantes ou des normes de beauté irréalistes.
- Des conditions de vie difficiles, telles que la pauvreté, l'insécurité alimentaire, ou le manque d'accès aux soins de santé, peuvent aggraver des symptômes anxieux.
- Des changements significatifs tels que le divorce, le déménagement, la perte d'un emploi peuvent être des facteurs déclenchants pour l'anxiété.
Abus de substances
L'abus de substances et les symptômes anxieux sont souvent interconnectés, et l'un peut aggraver l'autre. Il existe une relation bidirectionnelle entre la consommation de substances et les troubles anxieux. Voici comment l'abus de substances peut provoquer les symptômes anxieux :
- Certaines personnes utilisent des substances, telles que l'alcool ou les drogues illicites, pour faire face à leurs symptômes anxieux. Cependant, cela peut entraîner une dépendance et aggraver leur état psychologique à long terme.
- La consommation de substances peut perturber l'équilibre des neurotransmetteurs dans le cerveau, affectant ainsi la régulation de l'humeur et contribuant aux symptômes anxieux.
- De nombreuses substances peuvent perturber le sommeil, ce qui peut aggraver les symptômes anxieux. Un sommeil inadéquat est souvent associé à une augmentation des symptômes anxieux.
- Certaines substances peuvent altérer la pensée, la concentration et la mémoire, ce qui peut contribuer à des pensées obsessives.
- Les problèmes de santé physique résultant de l'abus de substances, tel que les problèmes cardiaques ou gastro-intestinaux, peuvent également contribuer à l'anxiété.
- L'abus de substances peut entraîner des problèmes sociaux, tels que des conflits familiaux, des difficultés au travail, et un isolement social, tous susceptibles d'augmenter le stress.
Il est important de noter que la consommation de substances peut également être un moyen d'automédication pour les personnes souffrant d'anxiété. Cependant, au lieu de résoudre le problème, cela peut créer un cercle vicieux où l'abus de substances aggrave l'état psychologique, incitant la personne à consommer davantage pour faire face.
En guise de conclusion
En concluant, il est important de noter que tous ces facteurs interagissent souvent les uns avec les autres. Ainsi, une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux contribue généralement au développement de l'anxiété. La prise en compte de ces éléments dans l'évaluation est essentielle. Nous allons aborder les questions de l’évaluation et du traitement ainsi que la question de style de vie et du soutien social de la personne anxieuse dans nos futurs articles.
Ainsi, si vous croyez que vous présentez des symptômes anxieux, veuillez nous contacter. Pour avoir plus d'information, vous pouvez également consulter nos rubriques consacrées à l’évaluation neuropsychologique des enfants et des adultes.