Les livres favoris de Freud
Nous allons parler ici des livres favoris de Sigmund Freud qui ont beaucoup influencé la pensée du célèbre fondateur de la psychanalyse.
Avant de commencer notre parcours littéraire, notons que cet article est écrit à titre informatif et n’a aucun but de vous donner des recommandations pour l'achat des livres en question. Également, cet article n'a aucun but de participer à distribution commerciale de ces livres.
En fait, Freud était un grand lecteur qui a fait au moins trois classements de ses livres préférés. On peut trouver ses classements directs et indirects dans ses multiples lettres et œuvres. Premièrement, Freud distinguait les livres fondamentales. Deuxièmement, il y avait des livres scientifiques et littéraires qui inspiraient ses recherches. Finalement, il existe une liste des livres qu’il aimait beaucoup qui devaient toujours être «près de lui». À vrai dire, notre liste est une quintessence de tout ça.
Œdipe roi de Sophocle
occupe sans doute la première place parmi les livres favoris de Freud. Sophocle, un dramaturge grec, est né à Colone (un quartier d’Athènes) vers l'an 495 et mort en 406 avant Jésus-Christ à l'âge de 89 ans. En effet, l’Œdipe roi reste un chef-d’œuvre le plus connu de Sophocle.
Avant la naissance d'Œdipe, un oracle prédit à ses parents, Jocaste et Laïos, famille royale de Thèbes, que leur fils tuera son père et épousera sa mère. Afin d'éviter ce drame, les parents abandonnent leur fils sur le mont Cithéron, pieds percés et liés pour l'accrocher à un arbre. Œdipe sera sauvé et secrètement confié à Polybe et Mérope, le couple royal de Corinthe. Quand Œdipe a grandi, il a commencé à se douter si Polybe et Mérope étaient ses vrais parents. Un oracle lui prédit qu’il tuera son père et épousera sa mère. Pour éviter cela, il ne retournera pas à Corinthe, mais prendra la route de Thèbes. Sur le chemin, il tue Laïos suite à une dispute concernant une priorité de passage.
Arrivé à Thèbes, il décide d'affronter le Sphinx, créature dangereuse, moitié femme, moitié fauve. Œdipe a pu résoudre l'énigme du Sphinx et a libéré la ville du monstre au corps de lion et à la tête de femme. En récompense, il épouse la reine Jocaste, veuve du roi Laïos, tué dans des circonstances pas encore élucidées. Devenu roi. Il cherche à connaître l'identité du meurtrier de Laïos. Le devin Tirésias apprend la terrible vérité à Œdipe, meurtrier de son père et époux de sa mère Jocaste. La pièce s'achève sur le suicide de Jocaste et l'apparition d'Œdipe mutilé après s'être crevé les yeux, le visage ensanglanté, réclamant l'exil, car il veut mourir.
Le complexe d’Œdipe est un concept central de la psychanalyse, défini comme le désir inconscient d'entretenir un rapport sexuel avec le parent du sexe opposé et celui d'éliminer le parent rival du même sexe. Ainsi, le fait qu'un garçon, de façon inconsciente, soit amoureux de sa mère et désire tuer son père répond à l'impératif du complexe d'Œdipe.
Le paradis perdu de John Milton
occupe le deuxième rang dans notre palmarès livres favoris de Freud. En fait, c’est un des livres préférés non seulement de Freud, Le paradis perdu inspirait aussi Blake, Shelley, Tolkien et d’autres auteurs cultes. Milton donne sa version poétique des origines bibliques de l'homme, en chantant l’histoire de la tentation d'Adam et Ève ainsi que leur expulsion du jardin d'Éden.
Dans une de ses lettres destinées à sa femme Martha, Freud écrivait : « Je ne sais pas comment c'est venu, mais aujourd'hui, j'ai pensé que tout le monde devrait avoir un grand et puissant seigneur ou protecteur, vers lequel il pourrait se tourner dans les heures sombres et lourdes. J'ai tendu la main à John Milton, avec son enchantement sublime qui peut me transporter comme rien d'autre en dehors du monde terne et insatisfaisant du quotidien, de sorte que la terre devient un simple point dans l'univers et que les vastes cieux s'ouvrent. » (Citation de Paul C. Vitz, « Sigmund Freud’s Christian Unconscious », The Guilford Press, NY, 1988, p. 115).
Le livre de Lazare de Heinrich Heine
occupe le troisième rang dans notre palmarès des livres favoris de Freud. Depuis 1848, Heine, atteint de paralysie, pensait souvent à la mort qui surviendra huit ans plus tard à Paris. En effet, le « Livre de Lazare » c’est des méditations poétiques sur la maladie, la mort, sur Dieu et l’âme. Heine crée un dialogue entre l'âme et le corps :
« La pauvre âme dit au corps: Je ne te quitte pas, je reste avec toi, avec toi je veux m’abîmer dans la nuit et la mort, avec toi boire le néant. Tu as toujours été mon second moi, tu m’enveloppais amoureusement comme un vêtement de satin doucement doublé d’hermine... Oh ! cela est effroyable; oh ! reste, reste avec moi, mon corps bien-aimé !
Le corps dit à la pauvre âme: Oh ! Console-toi. Ne t’afflige pas ainsi. Nous devons supporter en paix le sort que nous a fait le destin... Je ne suis qu’une guenille, moi ; je ne suis que matière ; vaine fusée, il faut que je m’évanouisse et que je redevienne ce que j’ai été — un peu de cendre. Adieu donc, et console-toi… Si tu rencontres la Grande Ourse dans la voûte des astres, salue-la mille fois de ma part. »
Freud vénère Heine non seulement à cause de l'expressivité de ses images. Dans « Le poète et les rêves » qui est un des textes freudiens les plus révélateurs, Heine figure comme une référence. Dans l'œuvre de Heine, Freud trouve le refoulement et l’accomplissement de souhaits qui mènent le psychanalyste vers l'inconscient.
Les frères Karamazov de Fédor Dostoïevsky
occupe le quatrième rang dans notre palmarès des livres favoris de Freud.
C’est un roman complexe qui ne raconte pas vraiment une histoire, mais constitue un tableau de la vie en Russie à l’époque de l’auteur. Dostoïevsky fait des portraits complexes de chacun de trois frères et de leur père Fédor Karamazov qui a des visées sur les jeunes femmes.
Le fils aîné, né d’un premier mariage, s’appelle Dimitri. C’est un ancien soldat à qui l’argent file entre les mains et qui est un fêtard invétéré. C’est également un grand romantique qui cite Schiller par cœur.
Les deux autres fils Karamazov ont pour mère la deuxième épouse de leur père. Le premier s’appelle Ivan est l’intellectuel de la famille. Profondément laïque, sinon anticlérical, il a des opinions libérales sur le monde qui vont à l’encontre des traditions de la société russe. Aliocha est le plus jeune des frères. Il s'agit ainsi d'une personne très religieuse au point de rentrer dans un monastère où il suit les enseignements d’un religieux d’expérience propre au christianisme orthodoxe.
Finalement, l’événement qui vient bouleverser la vie de chacun est l’assassinat du père Karamazov. La dernière partie du roman est consacrée au procès de son meurtrier présumé, son fils aîné Dimitri.
Enfin, en 1928, Freud écrit le texte intitulé Dostoïevski et le parricide. Freud traite dans son texte de l'épilepsie de Dostoïevski et de son lien avec fantasmes et réalisations parricides. Il distingue chez Dostoïevski : l'écrivain, le névrosé, le moraliste et le pécheur. Il y a surement une relation énigmatique de Freud à Dostoïevski. Le roman de Dostoïevski est très “freudien”, car il met en scène sans masque, la pulsion meurtrière elle-même, c'est-à-dire le caractère universel du désir parricide.
David Copperfield de Charles Dickens
acheve notre palmarès des livres favoris de Freud. En fait, il aimait beaucoup lire toutes les œuvres de Dickens, mais « The Personal History of David Copperfield » était son roman préféré. Ainsi, en juin 1882, Freud donne une copie de ce roman à sa fiancée Martha Benays. Dans la lettre d'accompagnement Freud a écrit que de tous les livres de Dickens, David Copperfield comprenait les personnages les moins stéréotypés, très «individualisés» et tous «pécheurs» sans toutefois «être abominable».
P.S.
En 1906, Hugo Heller demande à Freud de citer «dix bons livres». Freud lui répond qu’il distingue d'abord les bons livres proprement dits et ceux qu'il considérait comme «les ouvrages les plus merveilleux de la littérature mondiale».
Ainsi, dans sa liste des «bons» livres, Freud mentionnait
- Lettres et œuvres d’Eduard Douwes Keller,
- Le livre de la jungle de Rudyard Kipling,
- Sur la pierre blanche d’Anatole France,
- Fécondité d’Émile Zola,
- Le roman de Léonard de Vincide Dimitri Merejowski,
- Les gens de Seldywade Gottfried Keller,
- Les derniers jours de Huttende Conrad Ferdinand Meyer,
- Les Essaisde Macaulay,
- Les penseurs grecsde Theodor Gomperz,
- Comment raconter une histoire de Mark Twain.
Dans la liste des livres «les plus importants de la pensée humaine» figuraient trois premiers livres mentionnés dans notre palmarès aussi bien que
- Iliade et Odyssée de Homère,
- Faust de Goethe,
- Hamlet et Macbeth de Shakespeare
Finalement, il est important de préciser que Freud ne s’arrête pas seulement sur la lecture des livres mentionnés dans cet article. En effet, il était vraiment un grand lecteur ce que lui a permis de devenir la figure clef dans l’histoire de la psychologie.
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